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27 février 2009 5 27 /02 /février /2009 21:29

Pourquoi prend-on des photos ?



Réflexions sur un point particulier


Parmi les amateurs de photographie, on rencontre des « collectionneurs ».

De 2001 à 2007, dans le cadre du Collège International de Philosophie, Marie-Claude Lambotte , psychanalyste qui travaille sur la mélancolie depuis 1980, a dirigé un séminaire sur le sujet. Elle a fait intervenir des collectionneurs pour illustrer le lien entre la mélancolie, la visée esthétique dans la mélancolie et la figure du collectionneur.


Mélancolie


La mélancolie est un des termes possibles pour exprimer la mélancolie (bile noire en grec, chez Aristote), l'acédie (Evagre le Pontique), le bovarysme (terme médical), le spleen, l'ennui, la dépression aujourd'hui.

 

Collectionneur

 

Le collectionneur de photographies va reconstituer un monde plus consistant que le monde sans relief et sans valeur propre au sujet mélancolique, à partir des objets photographiques.


Ci-après le résumé d'un entretien radiophonique de Mme Lambotte  qui résume bien sa pensée, en particulier sur le thème du collectionneur.


Résumé de l'entretien

 

MELANCOLIE

Comment le processus mélancolique introduit à une visée intentionnelle esthétique

Marie-Claude Lambotte

France-Culture, Mardi 12 décembre 2006


Ce qu'est cette visée intentionnelle esthétique ?

Question de l'objet esthétique dans la contemporanéité et la modernité.

Processus d'esthétisation.

Futurisme, utilisation de n'importe que objet, en particulier la guerre ?


Question de l'originaire.

L'originaire fait partie du processus esthétique. Il s'agit soit de retrouver, soit de construire avec une situation ou un objet quelque chose d'esthétique, de l'ordre d'un isolat extrêmement général de la sensorialité. Un premier moment, ou plutôt un premier temps de sensorialité ou affectivité, avant même de parler du sens. Avant même l'avènement d'un jugement prédicatif.

Epiphanie, émergence de l'objet.

Temps originaire.

Quelque chose de l'ordre du monde, d'un pré donné, (Husserl), du « il y a ».

Comment de ce « pré donné » émerge la question de l'individuation, de la singularité, de l'objet.

Objet esthétique - objet artistique.

L'objet esthétique relève d'u domaine plus large que l'objet artistique.


L'objet artistique, ou l'œuvre d'art,  est conçu par l'artiste, il est de plus présenté au public. C'est le public qui consacre la production de l'artiste en œuvre d'art. Le public désigne l'œuvre d'art.

Entre l'objet esthétique et l'œuvre d'art : le symbolique.

L'œuvre devient œuvre d'art, dès qu'un petit groupe la reconnaît comme telle. D'où la question de l'art contemporain.


L'objet esthétique, est un objet qui se trouve mis en exergue par cette activité d'organisation, de composition du sujet mélancolique et qui a pour fonction de focaliser le regard du sujet mélancolique et de redonner une perspective au monde.

Sujet mélancolique décrit la réalité comme dépourvue d'affectivité, sans relief : en 2D et non 3D. Pas de profondeur. Tous les objets juxtaposés ont la même valeur. Les objets sont substituables les uns les autres. Aucun objet n'a alors plus de valeur. Donc juxtaposition d'objets équivalents sur une surface plane. (au sens du ressenti et non de la géométrie).

Deux registres se côtoient de manière disparate : le cognitif et le sensible. Il n'y a pas d'interpénétration.

Il y a nivellement de la réalité pour le sujet mélancolique.


Au cours de la cure, un troisième lieu permet au patient une activité de composition, d'organisation de l'environnement. Manie de réorganiser l'aménagement des meubles. C'est encore la relation par le patient d'une promenade solitaire sur le mode de la description d'un tableau. L'analyste est censé avoir le même intérêt que le sujet mélancolique. Dans un premier temps le discours du mélancolique est très négatif, jusqu'à l'émergence d'un troisième lieu, où le patient et l'analyste semblent partager un intérêt commun pour cette description. C'est là que s'opère le mécanisme du transfert.



La réorganisation de l'environnement aboutit à donner du relief à tel ou tel objet, lequel intervient comme opérateur perceptif. Focalisation du regard et possibilité d'une perspective. Non seulement dans le domaine cognitif toujours opérant, mais aussi dans le domaine perceptif. Cet objet, qui a subi une transformation (au départ objet banal) joue un rôle d'objet perceptif. Il s'agit de redonner de la perspective au monde (pour le sujet mélancolique). Vision restreinte. Il restera de l'invisible. Une vision partielle laisse de l'invisible. Cet invisible suscite le désir. Intentionnalité qui se rétablit.

Husserl, Merleau-Ponty


Difficulté de se représenter un originaire ante prédicatif. C'est-à-dire où la conscience n'interviendrait pas. (pré donné). Question de la synthèse passive. La conscience n'y intervient pas. Husserl parle d'un inconscient phénoménologique. Il faut reconstruire cet originaire, car on est dans la fiction.


Le séminaire a débuté l'étude de la mélancolie avec la psychanalyse puis s'est orienté vers l'esthétique. Nous retournerons à la psychanalyse avec la question de l'originaire. Inconscient lacanien. Représentations primitives chez Lacan sensées former un inconscient structuré, auquel nous n'avons pas accès. Accès seulement aux représentations refoulées. (représentants de représentations pour Freud). Il y a un originaire de l'inconscient qui attire ces représentants de représentations. L'inconscient lacanien est structuré comme un langage. Langage au niveau fonction et non structure. Le principe de plaisir est du coté de la fonction. Homéostasie. On peut aussi voir sous l'aspect structure, avec la question de l'hallucination.


Freud, l' « expérience de première satisfaction » du nouveau-né. Laissé seul , le bébé va à nouveau faire l'expérience de la faim. Il va retourner par régression dans l'appareil psychique sous forme de première perception. A savoir aller vers l'hallucination. Cette régression ne va  pas l'apaiser. L' « preuve de réalité » va alors se mettre en place. Ce qui va empêcher ensuite la régression. Barrage au pôle hallucinatoire. Le bébé va pleurer jusqu'à ce que la mère satisfasse son besoin. De cette première régression, va rester le « principe de plaisir ».

Pour Freud, il est hallucinatoire.


Lectures


Marie-Claude Lambotte, La mélancolie. Etudes cliniques, Anthropos 2007


Aristote, L'homme de génie et la mélancolie (Problème XXX)

Evagre le Pontique, Les mauvaises pensées (moine du IVe siècle en Egypte)

Robert Burton, Anatomie de la mélancolie (XVIIe siècle en Angleterre)

Forthomme, De l'acédie monastique à l'anxio-dépression

Kristeva, Soleil noir : dépression et mélancolie


Expo 2005-2006  Paris Grand Palais : Mélancolie et folie en Occident (Petit journal n° 383)


Jean-Claude



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